Vivre en attendant !
Soyons honnêtes : nous l’attendions depuis longtemps. « Elle » semblait s’éloigner toujours plus, au fur et à mesure que nous en approchions. Certains d’entre nous auraient tout donné pour la rejoindre plus vite. D’autres la redoutaient un peu. Mais l’heure a fini par sonner. Et nous sommes enfin… à la retraite !
Mais celle que nous attendions tant, répond-elle à nos… attentes ? Pas toujours. Pas pour tous. Parfois, c’est l’ennui qui nous gagne. Ou, disons-le franchement, la flemme ! À quoi bon faire grand-chose si cela ne semble plus intéresser grand monde ? C’est le virus de l’« aquabonite » (À quoi bon ?) contre lequel il n’y a pas de vaccin. Et puis l’énergie n’est plus au rendez-vous. Les jambes n’ont plus trop envie de suivre la tête !
Les attentes ne sont pas toujours celles auxquelles nous aspirions…
- Attendre le résultat d’examens médicaux…
- Attendre des nouvelles d’un enfant qui semble nous oublier…
- Attendre un coup de fil pour une intervention chirurgicale qui tarde à venir…
L’attente peut générer l’ennui dont on a dit qu’il est le pourrissement de l’attente. Plus optimiste, quelqu’un d’autre a déclaré, L’attente, c’est de la patience latente[1]!
Les plus vaillants s’impliquent bénévolement, signent pour quelque nouvel engagement, ou font ce qu’ils avaient toujours rêvé de faire sans en avoir eu le temps ni les moyens. Sauf que… les moyens, qu’ils soient financiers ou physiques, ne sont pas toujours au rendez-vous! Il y a quelques jours, ma petite-fille m’a rappelé cette réalité quand son père lui a suggéré de me demander de me mettre à quatre pattes pour jouer aux Lego avec elle. Papy est vieux ! lui a-t-elle répondu avec la spontanéité dont seuls les enfants sont encore capables.
Dans tous les cas, attendre est le propre de la vie. La retraite nous le rappelle chaque jour un peu plus : nous sommes plus près de la fin que du début, et la mort n’est plus très loin, n’en déplaise à la culture ambiante du déni dans laquelle nous baignons tous les jours.
Mais ce n’est pas si grave. Il n’y a rien de morbide à être lucide et à regarder la réalité dans le blanc des yeux. On peut être d’autant plus lucide si l’on a choisi de confier sa vie au Dieu de grâce qui a pour nom l’Éternel et qui nous a acquis la vie éternelle par son Fils Jésus-Christ.
Que nous vivions encore un an, une décennie ou un seul jour, nous sommes prêts. Nous ne pouvons donc plus qu’attendre. Il n’y a rien de mal ou de dégradant à cela. « Que nous vivions ou que nous mourions, nous appartenons au Seigneur[2]. »
- Attendre ne signifie pas forcément se résigner.
- Attendre ne signifie pas se laisser aller, devenir passif, se replier sur soi.
- Attendre peut signifier rester ferme.
- Attendre peut signifier rester vigilant, pour ne pas dire opportuniste. Quand mes yeux et mon cœur sont ouverts, je découvre dans mon immeuble, ma rue, mon quartier, mon église, mille et une occasions de me rendre utile, même de manière anodine et discrète.
Le Larousse définit ainsi le verbe attendre :
« Restez en un lieu jusqu’à ce que quelqu’un arrive, que quelque chose soit prêt ou se produise. »
En l’occurrence, cette définition nous va bien, si nous avons choisi de suivre Christ — un vrai sermon en trois points !
- « Rester en un lieu. » Demeurer attaché à la foi, fermement appuyé sur le roc de l’évangile, notre ancre solide et sûre. Si vous demeurez en moi… dira Jésus [1].
- « Jusqu’à ce que quelqu’un arrive. » Telle est notre bienheureuse espérance, notre attente certaine! Si l’espoir est une certaine attente, l’espérance chrétienne est une attente certaine : celle du retour de Jésus-Christ pour établir son règne dans toute sa plénitude. Notre vocation, jusqu’à notre dernier souffle, est et demeure : servir le Dieu vivant et vrai et attendre du ciel son Fils[2].
- « Jusqu’à ce que quelque chose soit prêt ou se produise. » Le plus grand bouleversement depuis la création : le rétablissement du Royaume de Dieu dans la création dans toute sa grandeur et sa splendeur! Mais nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera[3].
J’aime particulièrement ce texte de la Bible qui en dit long sur notre attente :
« En effet, la grâce de Dieu… nous éduque et nous amène à nous détourner de tout mépris de Dieu et à rejeter les passions des gens de ce monde. Ainsi nous pourrons mener, dans le temps présent, une vie équilibrée, juste et empreinte de piété,en attendant que se réalise notre bienheureuse espérance : la révélation de la gloire de Jésus-Christ, notre grand Dieu et Sauveur[4]. »
L’attente est en proportion du bonheur qu’elle prépare. Michel Dupuy
Ma prière
Seigneur, apprends-moi à attendre. À attendre en m’attendant à Toi.
Apprends-moi à apprivoiser et aimer l’attente pour ce qu’elle est, un passage plus ou moins long vers le meilleur, même si le chemin est souvent tortueux, parsemé d’embuches, jalonné d’imprévus et d’inconnus.
Aide-moi à ne pas gâcher l’attente en sombrant dans le doute, la négligence et le laisser-aller. Par ta grâce, je veux racheter le temps que tu me confies et l’utiliser à ta gloire en m’attendant à toi et en t’attendant.
Amen.
Pour poursuivre par vous-même ce début de réflexion, voici quelques extraits bibliques qui me semblent fort pertinents :
« Ta cause est devant lui: attends-le ! »
Job 35:14
« Éternel, le matin tu entends ma voix, le matin je me tourne vers toi et j’attends. »
Psaume 5:4
« Conduis-moi dans ta vérité et instruis-moi, car tu es le Dieu de mon salut: je m’attends à toi chaque jour. »
Psaumes 25:5
« Je le déclare, l’Éternel est mon bien, c’est pourquoi je veux m’attendre à lui… Il est bon d’attendre en silence le secours de l’Éternel. »
Lamentations 3:26
« Ainsi, il ne vous manque aucun don, à vous qui attendez le moment où notre Seigneur Jésus-Christ apparaîtra. »
1 Corinthiens 1:7
« …vous vous êtes tournés vers Dieu en abandonnant les idoles pour servir le Dieu vivant et vrai et pour attendre du ciel son Fils qu’il a ressuscité, Jésus, celui qui nous délivre de la colère à venir. »
1 Thessaloniciens 1:9-10
« Voyez le cultivateur: il attend le précieux fruit de la terre en faisant preuve de patience envers lui jusqu’à ce qu’il ait reçu les premières et les dernières pluies. Vous aussi, soyez patients, affermissez votre cœur, car le retour du Seigneur est proche. Ne vous plaignez pas les uns des autres, frères et sœurs, afin de ne pas être jugés. »
Jacques 5:7-10
« Attendez et hâtezla venue du jour de Dieu, jour où le ciel enflammé se désagrégera et où les éléments embrasés fondront.Mais nous attendons, conformément à sa promesse, un nouveau ciel et une nouvelle terre où la justice habitera.
2 Pierre 3:11-13
Dominique Ourlin
[1] Latent = ce qui est caché, qui attend d’être manifesté.
[2] Romains 14:8
[3] Jean 8:31 ; 15:4, 7, 9
[2] 1 Thessaloniciens 1:9-10
[4] 2 Pierre 3:13
[5]La Bible, Tite 2:11-13 (version Semeur)